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Prise en charge de l'Endométriose
Journée AMP de l'hopital Tenon
ABSTRACTS DE LA JOURNEE DE L’Hôpital TENON, 15/6/02
Professeurs DARAI, ANTOINE, UZAN
INTRODUCTION
Serge UZAN
Chef du Service de Gynécologie Obstétrique
et Médecine de la Reproduction Hôpital Tenon AP-HP
Université Paris VI
L’endométriose est une affection fréquente, bénigne et pourtant capable d’induire des conséquences lourdes pour les patientes en terme de qualité de vie, de projet parental, de traitements médicaux et chirurgicaux itératifs pour un succès parfois médiocre.
Le sous-titre est déjà une gageure :
Comprendre pour mieux traiter alors que, essayer de comprendre pour essayer de mieux traiter aurait été plus adapté mais la foi est capable de soulever des montagnes dit-on…
En organisant cette journée, Emile DARAI a essayé de structurer les différentes étapes conduisant le ou les médecins du diagnostic au traitement.
D’importants progrès ont toutefois été réalisés ces dernières années, non seulement dans la compréhension mais également et surtout dans l’approche diagnostique de l’endométriose. La connaissance de l’épidémiologie et des symptômes évocateurs permet de plus en plus facilement de mettre en œuvre des techniques d’imagerie, dont l’apport diagnostique est considérable, surtout pour préciser l’extension des lésions, (en particulier celles non visibles lors de l’exploration coelioscopique .
Ces dernières années ont vu le triomphe du couple échographie-IRM et l’avènement de l’écho-endoscopie rectale dans les formes intéressant cet organe . La coeliosocopie reste toutefois l’élément essentiel tant pour le diagnostic que pour le traitement.
En fait la multiplicité des traitements, leur succession parfois à court terme chez la même patiente, témoignent de l’absence de traitements et de protocoles parfaitement satisfaisants. Après une période où chacun s’estimait détenteur d’une stratégie efficace (médicale, chirurgicale ou médico-chirurgicale) on constate que la « vraie réponse » aux formes les plus sévères ne s’est pas encore imposée. Il en résulte d’importantes divergences entre les équipes « minimalistes » ou « jusque boutistes ». Il est probable que la stratégie la meilleure consistera en une prévention peut-être en connaissant mieux certains éléments de physio-pathologie (alimentaires ?), en une détection précoce par la mise en œuvre des examens diagnostiques dès l’apparition de signes évocateurs et à la mise en œuvre de traitements médicaux. La chirurgie était réservée aux formes découvertes plus tardivement ou résistantes aux traitements médicaux. Si la chirurgie, en particulier endoscopique, a fait d’importants progrès, (mais au prix d’une morbidité dont nul n’est à l’abri), le traitement médical ne semble pas encore aujourd’hui capable de maitriser réellement cette affection.
Espérons que cette journée permettra en mettant en commun des connaissances fondamentales, cliniques, médicales et chirurgicales d’améliorer notre connaissance de cette affection bénigne mais parfois invalidante.
Physio- Pathologie de l’endométriose
M. Nisolle
Service de Gynécologie et Obstétrique
Centre Hospitalier Régional de la Citadelle,ULg
Boulevard du 12 eme de Ligne, 1
4000 Liège
Endométriose péritonéale
La théorie du reflux menstruel et de l’implantation représente la théorie la plus acceptée quant au développement de l’endométriose péritonéale.
Plusieurs arguments permettent d’ appuyer cette théorie. En effet il a été démontré que 90% des femmes présentaient un reflux menstruel sans pour autant développer de l’ endométriose de manière systématique.
Les études des charactéristiques morpholgiques des différents types de lésions péritonéales à savoir, rouges, noires et blanches ont permis non seulement de proposer une hypothèse d’ évolution de l’ endométriose mais également de mettre en évidence des similarités évidentes entre les lésions rouges et l’endomètre.En effet, les lésions rouges présentent une vascularisation et une activité proliférative comparables à celles de l’endomètre eutopique .
Des modèles in vivo, à savoir la transplantation d’endomètre humain chez la souris nue ont permis de montrer la très forte probabilité d’ implantation de l’endomètre humain prélevé à différentes phases du cycle, y compris la phase menstruelle.De ces études,on a pu conclure que l’endomètre transplanté s’ implante déjà en 24 heures et qu’ au 3eme jour la lésion d’endometriose présente un aspect prolifératif ,quelle que soit la phase du cycle durant laquelle l’endomètre a été prélevé.De plus un rôle différent peut être attribué aux cellules stromales et aux cellules endomètriales : les cellules stromales seraient responsables de la phase d’adhésion de l’endomètre au péritoine, confirmant ainsi des études in vitro menées par l’équipe de Schenken et collaborateurs.Les cellules épithéliales, quant à elles seraient responsables de la prolifération de la lésion d’ endometriose , puisqu’ elles sont le siège d’une activité proliférative intense.
L’ hypothèse d’évolution et de progression des lésions rouges en lésions noires et ensuite en lésions blanches considérées comme inactives est appuyée par des travaux récents publiés par l’équipe de M. Canis et collaborateurs.
Endométriose ovarienne
L’histogenèse de l’endometriose ovarienne semble plus complexe.
La théorie de l’invagination du cortex ovarien déjà proposée par Hughesdon en 1957 semble acceptée de nos jours.Il persiste cependant une discussion concernant l’étiologie de cette invagination. En effet , selon Brosens et collaborateurs, c’est à nouveau la théorie de l’implantation et la présence de lésions rouges au niveau du site d’invagination qui serait responsable de l’invagination du cortex ovarien. Par contre , la possibilité d’une invagination naturelle et d’une métaplasie ne doit pas être écartée, étant donné la tendance naturelle du mésothelium ovarien à s’invaginer.
Quant à l’hypothèse de la présence de lésions d’endométriose uniquement au niveau du site d’inversion du kyste endométriotique, celle-ci ne fut pas confirmée par une étude histologique comparative du site d’inversion et de la partie la plus profonde du kyste.La démonstration de la présence d’ un épithelium glandulaire et de stroma aussi bien au niveau du site d’invagination qu’au niveau du fond du kyste est d’une importance primordiale pour la prise en charge de l’endometriome quelle que soit la technique choisie.
L’ENDOMETRIOSE : Aspects cellulaires et cytogenetiques
J. Gogusev J (1), J. Bouquet de Jolinière (2), M. Levardon (2).
INSERM U507, Hôpital Necker, Paris
(2) Service de Gynécologie-Obstétrique, Hôpital Beaujon, Clichy
Les progrès acquis en épidémiologie et en génétique confirment que le développement de l’endométriose est associé à des facteurs hormonaux, immunitaires, héréditaires et environnementaux. Les études familiales ont montré que cette condition se transmet à la descendance selon le mode polygénique et multifactoriel. L’évolution de la maladie semble en rapport avec une expression aberrante de diverses molécules intervenant dans la croissance et la différenciation cellulaire, comprenant les metalloproteases, l’aromatase 450, les facteurs de croissance, certaines oncoproteines (c-myc et c-erbB-2) et les récepteurs stéroïdiens. Ces derniers sont d’une grande importance en raison de l’hormono-dependance des lésions, sur laquelle se fonde le traitement médical actuel. Cependant, l’évaluation de l’expression des récepteurs aux l’œstrogènes (OR), à la progestérone (RP) et à l’Androgène (RA) dans des lésions endométriosiques a montré une importante variabilité d’expression en fonction de la localisation mais aussi au sein d’une même lésion.
Des avancées importantes en biologie cellulaire de l’endométriose ont été apportées par l’introduction de modèles de cultures de cellules endométriosiques (l’établissement de lignées cellulaires permanentes) et par la cytogénétique moléculaire. Ainsi, l’analyse cytogénétique de la lignée cellulaire endométriosique-FbEM-1 récemment établie a révélé la présence d’un caryotype hypo-triploïde comportant plusieurs marqueurs chromosomiques. La translocation der (5) t(5q34; 6p11) présente dans cette lignée suggère fortement une prolifération clônale.
L’instabilité chromosomique au niveau des lésions a été aussi confirmée par l’Hybridation Génomique Comparative (CGH) en utilisant l’ADN extrait de zones des lésions riches en cellules endométriosiques. Plusieurs aberrations moléculaires ont été mises en évidence comportant en particulier des pertes de séquences d‘ADN localisés sur les segments 1p, 22q, 5p, 6q, 7p, 9q et 17q et des gains de séquences génomiques au niveau des segments 6q, 7q et 17q. Ces anomalies suggèrent l’implication de gènes suppresseurs de tumeurs dans la transformation néoplasique des implants péritonéaux en particulier dans l’apparition de cancers ovariens de type endométrioïde.
En ce qui concerne les systèmes de classification de l'endométriose, la caractérisation cellulaire et moléculaire des lésions conduira certainement à une meilleure corrélation entre les constatations cliniques et les aspects phénotypiques et génétiques (notion d’évolutivité à introduire définitivement).
En conclusion, les études de biologie cellulaire et de génétique moléculaire ont contribué à élargir les connaissances concernant l’endométriose par la démonstration des différences moléculaires entre l’endomètre normal et ectopique. La prédisposition génétique vis-à-vis de la maladie est actuellement établie, vraisemblablement associée à plusieurs gènes fonctionnels. L’identification de ces gènes, ainsi que les mécanismes impliqués dans le contrôle de la prolifération des cellules endométriosiques, jouera un rôle majeur dans le développement de méthodes fiables pour la détection précoce, le diagnostic et la prévention de la maladie.
L'endométriose génitale : épidémiologie et classification.
Dr L. CRAVELLO, Dr G. PORCU-BUISSON, Pr. B. BLANC.
Service de Gynécologie-Obstétrique B, Hôpital de La Conception,
147 Bd Baille, 13005 Marseille.
Epidémiologie
Les taux de prévalence de l'endométriose sont très variables selon les études, compris entre 1 et 50%, mais de nombreux biais sont présents dans ces études (surtout liés à la présentation très polymorphe de cette pathologie). L'étude faite dans la ville de Rochester chez les femmes blanches de 15 à 49 ans pendant 10 ans retrouvait un taux de nouveaux cas par an de 2,5? (suspicion clinique) et 1,6? (confirmation histologique). La prévalence cumulée de l'endométriose était estimée à 3%. Le taux moyen d'endométriose dans les séries d'interventions chirurgicales effectuées dans les services de gynécologie est de 10%. L'endométriose est une pathologie de la femme en âge de procréer. L'âge moyen au moment du diagnostic chez les patientes infertiles est de 29 ans ; des cas extrêmes ont été décrits à 11 et 83 ans. L'endométriose n'existe pas avant la puberté. Les patientes ménopausées représentent 2 à 4% des cas. Parmi les facteurs de risque avancés pour l'endométriose, citons :
- les malformations congénitales du tractus génital (essentiellement les malformations obstructives par phénomène de reflux),
- l'exposition in utero au DES,
- le syndrome des ovaires polykystiques,
- une prédisposition familiale (surtout en cas de lien de parenté au premier degré),
- l'origine ethnique (populations caucasiennes),
- la consommation de caféine,
- l'exposition à la dioxine.
L'exercice physique et le tabac auraient un rôle protecteur. L'endométriose est très fréquente dans les populations de femmes qui consultent pour infertilité ou qui présentent des douleurs pelviennes chroniques, mais les résultats dépendent des méthodes d'exploration et de diagnostic utilisées.
Classification
Des classifications de l'endométriose génitale ont été faites dès les années 50. En 1973, Acosta s'appuyait sur les observations relevées lors de coelioscopies ou de laparotomies pour établir sa classification qui distinguait 3 groupes (formes minimes, majeures, sévères). La classification de l'American Fertility Society (classification AFS) date de 1979. Elle a été corrigée en 1985 (revised AFS), et sert de classification de référence.
Toutefois, on lui oppose certaines critiques (absence de prise en compte du degré d'inflammation, de l'intensité des symptômes fonctionnels pelviens, de la composante tubaire en terme d'obstruction).
Le groupe d'étude de l'endométriose (GEE) a proposé la classification F.O.A.T.I., qui retient et note les facteurs suivants (foyers péritonéaux et ovariens, adhérences, état des trompes, inflammation). Elle permet une cartographie du niveau lésionnel plus précise que le score global de l'AFS.
Symptômes Evocateurs d'une Endométriose
Arnaud Fauconnier, Charles Chapron, Hervé Foulot, Jean-Bernard Dubuisson, et Gérard Bréart
Service de chirurgie gynécologique, Clinique Universitaire Baudelocque, CHU Cochin - Saint Vincent de Paul - La Roche-Guyon, Paris, France.
Unité Inserm 149, recherches épidémiologiques en santé périnatale et santé des femmes, Paris, France
L'endométriose est responsable d'une symptomatologie pelvienne douloureuse polymorphe dominée par la dysménorrhée; les autres symptômes sont des douleurs d'origine mécanique : la dyspareunie profonde; la douleur menstruelle à la défécation; la douleur pelvienne chronique non cyclique. Enfin, l'endométriose est plus rarement responsable d'une symptomatologie d'organe non spécifique.
Le lien entre cette symptomatologie douloureuse et l'endométriose n'est cependant absolument pas spécifique puisque les différents symptômes sont très banals dans la population générale, d'une part, et l'endométriose est retrouvé chez près de 50% de femmes asymptomatiques, d'autre part.
L'endométriose est discrètement plus fréquente chez les femmes présentant une dysménorrhée quelle que soit son type. Par contre, plus la dysménorrhée est intense plus grands est le risque d'être porteuse d'une endométriose. Il est donc très important d'évaluer par l'interrogatoire l'importance de ce symptôme, plusieurs items sont à cet égard très utiles : la consommation d'antalgiques; le retentissement fonctionnel; la notion d'aggravation récente; l'intensité par l'échelle verbale simple (EVS) ou l'échelle visuelle analogique (EVA). Tout ces éléments sont, dans notre expérience, corrélés à la présence ou à l'absence d'endométriose. L'utilisation de l'EVA (à défaut l'EVS) doit être privilégiée car elle intègre en fait toutes les dimensions de la dysménorrhée. Dans notre expérience le choix d'un seuil de 6,3 sur L'EVA permettrait de dépister l'endométriose avec une sensibilité de 69 % et une spécificité de 65%. La physiopathologie de la dysménorrhée n'est probablement pas univoque puisque ce symptôme existe quel que soit le type d'endométriose (endométriose superficielle du péritoine pelvien, endométriome, endométriose profonde). Dans le cas de l'endométriose profonde postérieure, la dysménorrhée serait liée à l'importance de l'infiltration de l'espace sous-péritonéal d'une part, à l'importance des adhérences annexielles, d'autre part.
Les symptômes mécaniques sont liées à l'infiltration des nerfs de l'espace sous-péritonéal par l'endométriose profonde. Ces symptômes ont une valeur localisatrice, ainsi : la dyspareunie est associée à l'atteinte des ligaments US; la douleur menstruelle à la défécation à l'atteinte de la paroi postérieur du vagin ; la douleur pelvienne chronique non cyclique à l'atteinte digestive.
Dans certains cas d'endométriose profonde, l'infiltration des viscères (vessie, intestin) peut donner lieu à une symptomatologie dite "d'organe" non spécifique : signes fonctionnels urinaires; signes fonctionnels digestifs. C'est L'association à la dysménorrhée et la recrudescence menstruelle de ces symptômes qui permet le diagnostic d'endométriose.
L'utilisation de l'interrogatoire est utile pour diagnostiquer en préopératoire l'endométriose profonde postérieure. Pour ce type d'endométriose, il est, en effet, important de prescrire en préopératoire un certains nombre d'examens invasifs, en particulier l'écho-endoscopie rectale, afin de pouvoir planifier au mieux la stratégie chirurgicale. Dans notre expérience , la douleur menstruelle à la défécation ou la dyspareunie profonde très sévère sont susceptible de prédire l'existence d'une localisation profonde postérieure.
Nous recommandons pour l'interrogatoire l'utilisation d'outils adaptés pour l'évaluation des symptômes. Ces outils doivent être validés en Français, reproductibles, faciles à administrer et à recueillir. Dans notre pratique nous utilisons des autoquestionnaires remis aux patientes.
Apports de l'échographie au diagnostic d'endométriose pelvienne.
Dr Nicolas PERROT
L'ultrasonographie réalisée par voie endovaginale apparaît pertinente dans le diagnostic d'endométriomes ovariens ou péritonéaux en montrant typiquement :
- Une masse de taille variable, uni ou multiloculaire au contenu finement échogène, de façon diffuse et homogène. Cet aspect est constant sur plusieurs cycles . L'étude en Doppler couleur montre l'absence de vaisseaux internes.
- Parfois associée, une image pariétale hyperéchogène non vascularisée en Doppler, correspondant à un caillot.
-
Les signes négatifs ont leur importance :
- Absence de nodule vascularisé, de cloisons épaisses, irrégulières.
- Absence de signes en faveur d'un kyste dermoïde (échos punctiformes ou linéaires).
L'épaisseur de la paroi du kyste n'est pas un critère pertinent pour le diagnostic d'endométriome puisqu'elle est variable selon l'ancienneté du kyste.
Les petits implants péritonéaux ou ligamentaires sont difficiles voire impossibles à détecter en échographie.
L'endométriose sous péritonéale antérieure est localisée dans le cul de sac vésico-utérin. Il s'agit d'une lésion péritonéale s'étendant à la vessie. La lésion visible en échographie est endovésicale ou extravésicale. Il s'agit d'une masse échogène de même tonalité que le myomètre visible au niveau du cul de sac vésico-utérin.
L'atteinte des uretères secondaire à celle des ligaments utéro-sacrés n'est pas accessible en US, mais la dilatation secondaire des cavités pyélo-calicielles homolatérales l'est.
L'atteinte endométriosique sous péritonéale postérieure concerne les ligaments utéro-sacrés, le dôme vaginal, la cloison recto-vaginale, la face antérieure du rectum. L'atteinte du cul de sac de Douglas est accessible en échographie endovaginale. Elle montre un épaississement hypoéchogène du dôme vaginal, les adhérences réalisant un aspect spiculé évocateur. L'échographie endorectale s'avère performante dans le bilan d'extension des lésions rectales.
Les localisations digestives intrapéritéonales sont variablement accessibles en échographie selon leur étendue, leur situation.
Les localisations pariétales (muscle, ombilic, tissus sous-cutanés) sont aisément accessibles en échographie grâce aux barrettes de haute fréquence. Elles apparaissent comme des nodules hypoéchogènes, à limites floues, variables selon le cycle.
IRM et endométriose pelvienne
Marc Bazot (1), Yann Robert (2), Christine Salem (1),
Emile Daraï (3), Serge Uzan (3), Jean-Noël Buy (4)
Services de radiologie (1) et gynécologie (3)- Hôpital Tenon, Paris
Service de radiologie (2) – Hôpital Jeanne de Flandre, Lille
Service de radiologie (4) – Hôtel Dieu de Paris, Paris
L’endométriose correspond à la localisation ectopique de tissu endométrial en dehors de l’utérus. Sa localisation est très variable, mais d’autant plus fréquente que l’organe affecté est proche de l’ostium tubaire : ovaires, péritoine utérin et tubaire, cul-de-sac vésico-utérin et de Douglas, ligaments utéro-sacrés (tableau 1) [1]. Par extension, les organes de voisinage (col, vagin, vessie, uretère, tube digestif) peuvent être atteints. Devant des signes fonctionnels variables, l’examen clinique demeure indispensable, mais malgré une sensibilité et spécificité de 75% pour Eskenazi et coll, il est souvent nécessaire d’envisager des investigations complémentaires afin d’évaluer l’importance et la localisation des lésions, échographie vaginale, échoendoscopie transrectale et imagerie par résonance magnétique [2]. Le but de cette présentation est de préciser les intérêts potentiels de l’IRM.
L’échographie est indiquée en première intention devant toute suspicion clinique d’endométriose. L’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) est devenue progressivement la méthode non invasive de choix en complément de l’échographie. Elle permet une approche globale du pelvis qui lui permet à la fois de préciser une suspicion diagnostique et de faire un bilan aussi complet que possible de la maladie en recherchant plusieurs localisations et une extension éventuelle aux organes de voisinage, qui n’aurait pas été soupçonnée. Du fait de la composante hématique, le protocole d’examen doit inclure des séquences pondérées T1 et T1 avec saturation de graisse. Les séquences pondérées T2 doivent être systématiques dans le plan axial et sagittal pour le diagnostic et le bilan d’extension de cette pathologie. L’injection de gadolinium n’est pas systématique, en dehors des cas avec suspicion d’atteinte digestive.
L’endométriose ovarienne est retrouvée chez 20% environ des femmes présentant des douleurs pelviennes chroniques ou une infertilité. Les implants endométriosiques à la surface de l’ovaire ne peuvent être visualisés que par la cœlioscopie, à l’inverse les endométriomes profonds sont du domaine de l’imagerie, la coelioscopie n’identifiant correctement que les formes responsables d’une déformation de l’ovaire. L’échographie endovaginale est la technique de première intention même si elle présente des limites, en particulier dans l’individualisation de petite lésions. Elle présente une fiabilité diagnostique proche de 80% pour la détection et la caractérisation des kystes endométriosiques. Les caractères sémiologiques des endométriomes offrent la possibilité d’identifier avec une quasi certitude un endométriome en IRM. Un endométriome se caractérise par un hypersignal en T1 supérieur ou égal à la graisse, persistant sur la séquence avec suppression de graisse et/ou la présence d’un relatif hyposignal en T2, avec ou sans niveau déclive [3, 4]. La sensibilité de l’IRM est de 90% pour Togashi et sa spécificité est de 98% [3]. Pour Scout et coll, sa sensibilité et sa spécificité sont respectivement de 92 et 91% [5]. Les autres lésions susceptibles de présenter un hypersignal en T1, sont les kyste dermoïdes (role de la saturation de graisse), les kystes mucineux (souvent de signal moins intense), et les kystes hémorragiques, plus rarement les salpinx. L’endométriose est une pathologie le plus souvent multifocale à l’origine d’adhérences ou de lésions d’endométrioses pelviennes profondes associées. Ainsi, avant d’envisager le traitement de l’endométriome il peut être justifié de rechercher d’autres localisations, comme peut le suggérer l’étude de Redwine [1]. Dans sa revue de 1785 patientes opérées, il trouve qu’un endométriome est dans 98% des cas associé à d’autres localisations. Une atteinte digestive contemporaine est observée dans 25% des cas, en particulier recto-sigmoidienne, mais l’incidence thérapeutique n’a pas été évaluée.
L’endométriose pelvienne profonde correspond à un développement en profondeur de localisations péritonéales, qui pénètrent et infiltrent l’espace sous péritonéal. Ainsi, les localisations peuvent être très variables au sein du pelvis (cf tableau 1). L’IRM joue un rôle important dans certaines d’entres elles (septum recto-vaginal, cul-de-sac vésico-utérin, atteinte par contiguïté de l’appareil digestif ou urinaire). La localisation postérieure (cul-de-sac de Douglas et tube digestif) est plus fréquente que l’atteinte antérieure ; l’endométriose urinaire, vésicale dans 80 % des cas, étant l’expression rare ( 1%) d’une affection gynécologique fréquente [6]. Les localisations au contact de la ceinture pelvienne, périnéale voire extra-pelviennes sont rares.
Le maître symptôme de l’endométriose profonde est la douleur: dysménorhée ou algies pelviennes chroniques à recrudescence cataméniale, dyspareunie, voire signes d’extension aux organes adjacents (épreintes, rectorragies, pollakiurie, cystalgie, hématurie). Ces derniers, bien que non spécifiques peuvent être rattachés à une endométriose en raison de leur association fréquente à des douleurs pelviennes (80 à 90% des cas), à caractère cyclique.
L’apport de l’IRM est de pouvoir identifier et analyser les lésions qui échappent à la coelioscopie du fait de la topographie sous-péritonéale et/ou des adhérences. Dans un contexte d’algies pelviennes, l’échographie est en règle le 1er examen proposé. Cependant l’identification des lésion n’est pas toujours aisée, à cause du tube digestif d’une part et l’expérience de l’opérateur d’autre part. Les compléments d’information sont souvent apportées par l’écho-endoscopie rectale en cas de doute sur une localisation digestive et l’IRM, qui est demandée en cas de suspicion clinique et/ou échographique.
Le diagnostic d’endométriose pelvienne profonde en IRM repose sur la mise en évidence d’une plage tissulaire en hyposignal sur les séquences pondérées T2 et en signal intermédiaire sur les séquences pondérées T1 dans ¾ des cas [7]. Dans les cas restants, le signal est intermédiaire ou en hyposignal sur les deux séquences. Les formes volumineuses pseudo-tumorales se caractérisent également par leur hyposignal sur les 2 séquences. La forme des lésions en IRM est variable. Il peut s’agir d’une infiltration ou d’une coulée irrégulière, prenant un aspect stellaire rétractile, d’un nodule à contour régulier ou non, voire même, dans les formes volumineuses, d’une masse tissulaire. La recherche d’implants endométriosiques au sein de la fibrose réactionnelle repose sur les séquences pondérées T1 sans et avec saturation de graisse. Cette séquence apparaît essentielle en raison d’une exactitude (55% vs 77%) et d’une sensibilité (61% vs 27%) supérieures dans la détection des petits implants endométriosiques [8]. Pour Takahashi, l’utilisation de séquence avec suppression de graisse apparaît particulièrement performante [9]. Ainsi, chez 51 femmes infertiles chez lesquelles il était suspecté une endométriose pelvienne, l’IRM identifie des implants endométriosiques avec une sensibilité de 89%, une spécificité de 71%, le taux de détection des séquences pondérées T1 étant voisine des données de Ha (58%), essentiellement pour la détection de lésions de petite taille [10]. Sur les séquences pondérées T2, ces implants ont un signal variable [9]. Une fois le diagnostic posé, il faut préciser la topographie des lésions (septum recto-vaginal, septum vésico-utérin, ligament utéro-sacré, paramètre), ainsi que les rapports et conséquences éventuelles de cette infiltration avec les organes adjacents.
- Avec l’utérus : la fibrose peut être adhérente aux bords de l’utérus , être responsable d’une rétroversion utérine, voire d’une infiltration de la jonction cervico-isthmique dans les endométrioses du septum de la cloison recto-vaginale.
- Avec le tube digestif : l’atteinte digestive touche surtout la paroi du recto-sigmoïde, plus rarement le caecum et l’appendice, voire l’iléon terminal [7]. C’est en particulier avec ces structures qu’une infiltration doit être recherchée compte tenu de l’impact sur le geste chirurgical. En IRM, la disparition du liseré graisseux entre la lésion et le tube digestif doit faire craindre des adhérences à la séreuse et dans tous les cas où il y a une extension à la musculeuse le liseré est effacé. A contrario, sa conservation ne permet cependant pas d’éliminer avec certitude une atteinte par contiguïté. L’extension à la musculeuse peut être suspectée sur l’épaississement pariétal et la prise de contraste de la zone tissulaire infiltrative. C’est dans ces dernières formes qu’une exérèse chirurgicale peut être nécessaire, alors que celle-ci n’est pas réalisée quand un liseré graisseux est visible.
- Avec la vessie : l’infiltration peut s’étendre à la paroi vésicale touchant tout d’abord la séreuse avant d’infiltrer la musculeuse [11]. Ceci se traduit d’abord par un effacement du liseré graisseux, puis par l’apparition d’un épaississement nodulaire de la musculeuse vésicale. Ces atteintes ne sont pas l’apanage des localisations du septum vésico-utérin, mais peuvent également être observées dans des localisation plus postérieures présentant une extension antérieure en direction de la vessie, l’atteinte vésicale étant associée dans 60% des cas à une endométriose péritonéale ou sous-péritonéale.
- Avec l’uretère : l’atteinte urétérale est le plus souvent associée à une endométriose pelvienne, avec sténose par infiltration de la graisse et/ou de la paroi urétérale. Elle est facilement suspectée devant une dilatation de la voie excrétrice et il faut penser à étudier les reins pour rechercher une dilatation des cavités pyélo-calicielles qui est plus aisément mise en évidence que celle de l’uretère. Cette urétéro-hydronéphrose est liée à l’infiltration tissulaire, qui peut être responsable d’une infiltration de la graisse péri-urétérale, d’un épaississement de la paroi, qui conduisent à une sténose avec dilatation d’amont, mais il est cependant difficile en IRM de faire la part entre une sténose extrinsèque et une infiltration de la paroi proprement dite.
Au total, l’endométriose est suspectée cliniquement mais son diagnostic s’appuie sur l’imagerie d’une part et sur la coelioscopie d’autre part [12]. La facilité d’utilisation de l’échographie justifie sa réalisation dans un 1er temps. L’IRM est un complément utile de l’échographie (endovaginale et endoscopique) dans le bilan de l’endométriose. Elle est une aide diagnostique en raison de ses possibilités de caractérisation tissulaire et de son large champ de vue qui contribue à l’évaluation pré-thérapeutique des lésions d’endométriose profonde, difficiles à évaluer avec la coelioscopie.
Tableau 1 : distribution anatomique de l’endométriose chez des patientes opérées. Redwine DB . Fertil Steril. 1999 Aug;72(2):310-5
Localisation |
Nombre de patiente (%) |
Pelvis |
- 297 (18%) |
Total supérieur à 100% en raison de localisations multiples
Bibliographie
1. Redwine D, W. Ovarian endometriosis: a marker for more extensive pelvic and intestinal disease. Fertil Steril 1999; 72:310-315
2. Eskenazi B, Warner M, Bonsignore L, et al. Validation study of nonsurgical diagnosis of endometriosis. Fertil Steril 2001; 76:929-935.
3. Togashi K, Nishimura K, Kimura I, et al. Endometrial cysts: diagnosis with MR imaging. Radiology 1991; 180:73-78
4. Nishimura K, Togashi K, Itoh K, et al. Endometrial cysts of the ovary: MR imaging. Radiology 1987; 162:315-318
5. Scoutt LM, McCarthy SM, Lange R, et al. MR evaluation of clinically suspected adnexal masses. J Comput Assist Tomogr 1994; 18:609-618
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ENDOMETRIOSE DIGESTIVE ,
description et place de l’échoendoscopie.
Gilles Roseau 30 rue d’Astorg 75008 PARIS.
Due à la prolifération d’endomètre fonctionnel en dehors de la cavité utérine, l’endométriose est une affection qui peut entrainer douleurs et stérilité. Sa prévalence, estimée entre 5 et 17%, est en progression croissante. L' atteinte du tube digestif, le plus souvent localisée au rectosigmoide, pourrait concerner jusqu'à 37% des malades. Ces localisations digestives sont parfois de diagnostic difficile, et de traitement complexe; elles nécessitent la coopération entre les gastroentérologues gynécologues et chirurgiens
Les examens complémentaires qui permettent le diagnostic et le bilan d’extension des formes rectosigmoidiennes sont aujourd’hui dominés par l’échoendoscopie. Dans un travail préliminaire, nous avions en effet montré que les sensibilités respectives du lavement baryté, de la coloscopie et de la tomodensitométrie pour le diagnostic d' atteinte rectosigmoidienne, respectivement évaluées à 22%, 33%, et 67% , étaient moins bonnes que celles de l' échoendoscopie ( 17 ). Quant à l' échographie endovaginale, elle aurait des performances analogues, seulement pour l' étude des lésions digestives "basses" (18 ). En échoendoscopie, l’EM se présente sous la forme de nodules péridigestifs arrondis ou ovalaires, hypoéchogènes et à contours réguliers. Leur localisation médiane antérieure traduit une atteinte de la cloison rectovaginale, tandis que l'atteinte des ligaments utérosacrés se situe latéralement. Lorsque la paroi rectosigmoïdienne est infiltrée, un épaississement de la musculeuse est alors visible, au contact du nodule d'EM Ces résultats ont été décrits dans plusieurs séries récentes, notamment dans notre travail où il apparaissait également que l’échoendoscopie permettait de prédire le caractère radical de l’éxérèse par coelioscopie, lorsqu’elle ne montrait aucune atteinte rectosigmoidienne. Un autre travail centré sur les comparaisons entre elles de l’échoendoscopie et de l’ IRM montrait les moins bonnes performances de l’IRM dans l’exploration de la paroi rectosigmoidienne et dans le diagnostique d’EM à ce niveau ( 7 ). Pour les autres atteintes, ligaments utérosacrés, cloison rectovaginale, et ovaires, l’IRM apparaissait plus sensible mais peu spécifique. A noter enfin que si l' IRM était très performante pour montrer les endométriomes ovariens, les résultats des deux techniques ont été mauvais pour les nodules de la cloison rectovaginale sans atteinte digestive: ( sur 9 nodules, 3 ont été méconnus par l'échoendoscopie et 2 par l’IRM; celle ci a en outre été à l’origine de 5 faux positifs.
TRAITEMENT MEDICAL
Fabrice Lécuru, Louis Jeffry, Loïc Lelièvre, Roland Taurelle.
Service de Chirurgie Gynécologique et Cancérologique
Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris
Le traitement médical de l’endométriose repose sur l’oestrogénodépendance des implants endométriosiques. En effet, l’amélioration des symptômes, par la grossesse, la castration ou la ménopause est connue depuis longtemps. Les kystes et les localisations sous-péritonéales sont théoriquement peu sensibles à ces traitements.
Depuis les années soixante, les oestroprogestatifs, les progestatifs, le danazol puis les analogues de la GnRH ont été utilisés. Ces traitements visent à réduire la production d’oestrogènes par les ovaires par une réduction ou une suppression de la stimulation ovarienne, ou à altérer la stéroïdogénèse ovarienne. D’autres tendent à limiter l’action des oestrogènes, par une réduction de leur fraction libre ou une action sur leur récepteur.
Les associations oestroprogestatives tendent à bloquer l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique et provoquer un état de « pseudogrossesse ». Ces traitements ont pour eux, leur facilité d’utilisation, des effets secondaires rares et un coût modique. Les quelques données disponibles montrent une efficacité partielle et leur réel intérêt mériterait d’être évalué correctement avec des molécules modernes.
Les progestatifs utilisés en continu, bloquent l’axe hypophyso-gonadique, ont une activité anti-oestrogénique tissulaire et provoquent un décidualisation des implants. La molécule de référence est l’actétate de médoxyprogestérone à la dose de 30 à 80 mg/j. Cependant les autres classes de progestatifs peuvent aussi être utilisés, notamment les nor-preganes. Ils sont généralement efficaces sur les douleurs avec une réduction de la dysménorrhées dans plus de 80% des cas, une amélioration des dyspareunies et une réduction > 80% des douleurs générales. Leurs effets secondaires, notamment sur le poids et les saignements limitent leur utilisation à long terme, alors que leur rapport coût-efficacité est excellent.
Le danazol a longtemps constitué la molécule de référence. Ce dérivé de la 17 -ethyniltestostérone bloque hypophysogonadique, altère la stéroïdogénèse et agit sur la SHBG. A la dose de 800mg/j, le danazol agit efficacement contre les dysménorrhée (>90%), les dyspareunies (>85%) et les douleurs générales. Malheureusement, les effets secondaires cliniques (prise de poids, signes d’hyperandrogénie) et biologiques (diminution du taux d’HDL cholestérol) en limitent l’utilisation.
Aujourd’hui, les analogues de la GnRH constituent le traitement de référence. Ils sont obtenus par la modification d’un acide aminé du décapeptide GnRH, provoquant une augmentation de l’affinité pour le récepteur et un allongement de la demi-vie. Après une phase de stimulation initiale, on obtient un blocage de l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique, faisant parler de ménopuase chimique. Ces produits doivent être administrés par voie IM ou SC (ou par voie nasale). Des formes retard, permettent de limiter les in jections. Ils sont remarquablement efficaces contres les douleurs et constituent désormais le bras de référence contre lequel doit se mesurer tout nouveau traitement. Leurs effects secondaires sont surtout constitués par des signes d’hypooestrogénie. Leur effet sur l’os limite leur utilisation dans le temps, sauf à associer un traitement préventif de l’ostéoporose (add-back therapy).
Des différentes comparaisons disponibles dans la littérature, il ressort qu’en terme de douleurs, le traitement actuellement le plus efficace et le mieux toléré repose sur les analogues. Cependant un rebond existe dans les semaines qui suivent l’arrêt du traitement. En terme de fertilité, aucun traitement médical, seul, ne semble suffisant.
Endométriose péritonéale et ovarienne
H. Foulot, C. Chapron, A. Fauconnier, S. Jacob, J.B. Dubuisson
Bien que des centaines d’articles aient été écrit sur l’endométriose péritonéale et ovarienne, l’attitude thérapeutique à adopter est encore controversée. Tout d’abord l’inflammation péritonéale associée n’est pas prise en considération alors que sa présence nous paraît être un facteur d’activité de l’endométriose. L’interleukine 8 qui a été retrouvé à des concentrations plus élevées dans le liquide péritonéal de patientes ayant de l’endométriose a une action angiogénique et pourrait donc favoriser le développement d’une néovascularisation péritonéale. Le diagnostic visuel de l’endométriose péritonéale n’est pas très précis surtout dans les formes atypiques. Dans les articles analysant le traitement coeliochirurgical de l’endométriose péritonéale, différents types de traitement sont souvent regroupés. En cas d’endométriose péritonéale, nous avons l’habitude de réaliser une destruction percoelioscopique au laser CO2 ou à la bipolaire qui semble avoir un effet bénéfique surtout chez les patientes ayant des douleurs pelviennes.
Concernant l’endométriose ovarienne, la kystectomie percoelioscopique est le traitement le plus souvent utilisé en présence d’un endométriome ovarien chez la femme de moins de quarante ans. Deux points sont importants à considérer après ce type d’intervention : les adhérences post opératoires et la fonction ovarienne. Les adhérences post opératoires ne sont pas rares et d’autant plus fréquentes que celles ci étaient denses au moment de la cœlioscopie initiale. C’est pourquoi on a actuellement tendance à proposer un traitement en deux temps en cas d’endométriome ovarien avec adhérences denses et inflammation péritonéale. Dans un premier temps, on se contente d’ouvrir et de laver les kystes. Après 3 mois d’analogues de la LH-RH, la kystectomie ovarienne est alors réalisée. Nous avons d’autre part de larges indications de suture ovarienne après kystectomie, geste qui permet de reconstituer la forme de l’ovaire et qui nous paraît limiter le risque d’adhérences post opératoires. La question de la fonction ovarienne après kystectomie ovarienne ne doit pas être négligée d’autant que des études ont montré une réponse ovarienne altérée après kystectomie ovarienne.
Endométriose sous péritonéale:
Modalités diagnostiques et principes thérapeutiques.
Charles Chapron* Jean-Bernard Dubuisson* Arnaud Fauconnier*
*:Service de Chirurgie Gynécologique,
Clinique Universitaire Baudelocque, C.H.U. Cochin Port-Royal,
123 Bld Port-Royal, 75014 Paris, France.
La possibilité pour l'endométriose de pénétrer dans l'espace sous péritonéal est une notion définitivement admise(1) . Ces lésions rétropéritonéales sont responsables de douleurs dont l'intensité est corrélée à la profondeur de pénétration des lésions(2). Les localisations les plus fréquentes de l'endométriose profonde sont le cul de sac vésico utérin, les ligaments utéro-sacrés et le cul de Douglas(1). En fonction de la localisation des lésions sous péritonéales, nous observerons des lésions d'endométriose vésicale, des ligaments utéro-sacrés, de la cloison
recto-vaginale, avec parfois une infiltration digestive.
Les constatations cliniques, la symptomatologie et les modalités thérapeutiques sont variables en fonction du siège des lésions.
A) Endométriose pelvienne profonde: approche diagnostique.
I :L'examen clinique:
a) L'interrogatoire :
La symptomatologie est dominée par la douleur pelvienne. Celle-ci peut se présenter sous différents aspects :une dysménorrhée, une dyspareunie profonde, ou des douleurs pelviennes chroniques. Associées à ces douleurs "typiques", il est possible d'observer, en fonction de la localisation des lésions, une symptomatologie fonctionnelle urinaire (dysurie, infection urinaire, parfois hématurie) ou digestive (ténesme rectal parfois rectorragie). La caractéristique sémiologie essentielle de ces douleurs "associées" est qu'elles sont typiquement à recrudescence
menstruelle.
b) L'examen clinique:
- A l'examen au spéculum, l'existence de lésions bleutées signe le diagnostic d'endométriose. Dans notre expérience l'absence de ces lésions bleutées, notamment en cas d'atteinte des ligaments utéro-sacrés, est fréquente. En d'autres termes un examen au spéculum normal ne permet en aucun cas d'éliminer le diagnostic d'endométriose infiltrante rétropéritonéale.
- Au toucher vaginal, il faut rechercher l'existence d'un nodule. Cet examen doit être si possible pratiqué à proximité des règles, et idéalement en période menstruelle(3). Si la lésion nodulaire est l'aspect classiquement observé, il ne s'agit pas d'une règle absolue. Dans certains cas, il faut savoir rechercher des signes plus frustres à savoir:une latéro déviation du col utérin(4), une asymétrie des ligaments utéro-sacrés avec non pas un aspect nodulaire mais un aspect irrégulier, induré et tendu(5).
Le point sémiologique essentiel est que la palpation appuyée de ces lésions réveille une douleur identique à celle de la dyspareunie profonde dont se plaignent les patientes.
II) Les examens complémentaires:
Ils ont pour objectif d'effectuer une cartographie précise des lésions d'endométriose pelvienne profonde. Cette cartographie est indispensable pour deux raisons :(i) les modalités de l'intervention chirurgicale sont dictées par le siège et l'extension des lésions ; (ii) le succès de l'opération dépend de la radicalité de l'exérèse chirurgicale des lésions. Si l'échographie pelvienne par voie endo-vaginale est parfaitement adaptée pour effectuer un bilan ovarien et utérin, elle semble dans notre expérience beaucoup moins performante pour le diagnostic et le bilan des lésions pelviennes postérieures (ligaments utéro-sacrés, cloison recto-vaginale).
En cas de suspicion d'endométriose pelvienne profonde postérieure deux examens complémentaires sont actuellement en cours d'évaluation :
- Echoendoscopie rectale (EER):EER est fiable pour affirmer l'existence d'une infiltration de la paroi rectale(6,7). Cet élément est essentiel dans la mesure où il conditionne la technique chirurgicale d'exérèse.
- Imagerie par résonnance magnétique nucléaire (IRM) :le grand avantage de cet examen est d'offrir la possibilité d'effectuer en un temps un bilan complet du pelvis(8). Ce point est important car les lésions d'endométriose profonde présente souvent des localisations multiples.
B) Endométriose pelvienne profonde :approche thérapeutique.
En matière d'endométriose pelvienne, l'exérèse chirurgicale des lésions est le traitement de choix. Les modalités de l'intervention dépendront de la localisation des lésions.
- En cas d'endométriose vésicale, le traitement de référence est la cystectomie partielle. Cette intervention peut parfaitement être réalisée par voie coeliochirurgicale(9,10).
- En cas d'endométriose profonde infiltrant les ligaments utéro-sacrés l'exérèse peut parfaitement être effectuée par voie coeliochirurgicale exclusive(5).
- En cas d'atteinte de la cloison recto-vaginale, ou ce qui est plus exact sur le plan anatomique du tiers supérieur de la paroi vaginale postérieure, il est nécessaire d'associer à l'ablation des lésions sous péritonéale une exérèse de la paroi vaginale. Dans ce cas la technique que nous préconisons est un abord mixte coeliovaginal(11).
- En cas d'infiltration digestive, si dans certains cas très sélectionnés l'exérèse peut être réalisée par voie coelioscopique, le traitement de référence reste encore aujourd'hui la laparotomie.
Dans ce contexte, si le traitement de première intention doit être chirurgical, cela ne veut pas pour autant dire qu'il n'existe aucune place au traitement médical (progestatifs, analogues de la LH-RH). Les principales indications du traitement médical en matière d'endométriose pelvienne profonde nous semblent être les suivantes:
- L'existence d'un doute diagnostique. La disparition de la symptomatologie fonctionnelle douloureuse sous traitement médical est un argument sémiologique très en faveur de l'origine endométriosique des douleurs(12). Ce test thérapeutique permet d'éviter dans certaines situations diagnostiques difficiles d'effectuer des interventions chirurgicales potentiellement dangereuses dont le bénéfice serait très incertain.
- Des récidives douloureuses après un traitement chirurgical correctement mené sont également une indication formelle à prescrire un traitement médical plutôt qu'à préconiser des chirurgies pelviennes itératives.
- L'existence de contre-indications ou de facteurs de risques importants à une chirurgie qui est difficile et dangereuse peuvent être des indications à proposer comme alternative un traitement médical. Dans certaines situations le traitement médical peut être intéressant pour différer le traitement chirurgical lorsque cela est nécessaire.
Conclusion
L'endométriose pelvienne profonde se manifeste essentiellement par une symptomatologie douloureuse, dominée par la dyspareunie profonde et une symptomatologie fonctionnelle à recrudescence menstruelle dont la sémiologie est directement corrélée à la localisation des lésions (vessie, rectum). Le bilan d'extension est essentiel. Ce bilan a pour objectif de faire la cartographie exacte des lésions d'endométriose profonde. Le succès thérapeutique dépend de la radicalité de l'exérèse chirurgicale. Les modalités de l'intervention sont dictées par le siège et l'extension des lésions. Des études complémentaires sont nécessaires pour préciser en pré et en post opératoire la place et les modalités des traitements médicaux.
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THERAPEUTIQUES DE L’ ENDOMETRIOSE : LES LESIONS RECTALES.
E Daraï, R Detchev, E Barranger, Y Benchimol,
D Stefanescu, C Dufournet, JM Antoine, S Uzan.
Service de Gynécologie Obstétrique, Hôpital Tenon, AP-HP.
L’endométriose profonde intéresse principalement les ligaments utéro-sacrés, la vessie et l’appareil digestif. L’atteinte digestive et notamment de la charnière recto-sigmoïdienne semble augmenter en incidence et surtout affecter des patientes de plus en plus jeunes désireuses de conserver leur potentiel de fertilité. L’atteinte digestive prouvée histologiquement est retrouvée chez 6 à 30% des patientes porteuses d’une endométriose. L’atteinte plurifocale à la fois génitale et digestive est retrouvée dans 6 à 15% des patientes. Les localisations digestives du sigmoïde, de la jonction recto-sigmoïdienne et du rectum représentent de 75 à 90% des localisations digestives.
L’infiltration digestive par l’endométriose est de diagnostic difficile mais peut être évoquée sur l’existence de troubles du transit et de douleurs à la défécation à recrudescence cataméniale. Le diagnostic clinique est parfois d’affirmation difficile et n’est évoqué que dans environ 60% des cas. Des douleurs rectales à type de ténesme, de douleurs à la défécation ou à irradiation anale ne sont retrouvées au plus que dans 50% des cas. Les troubles du transit intestinales à type de constipation sont notés dans 30 à 40% des cas. Des diarrhées peuvent également être présentes (25 à 40%) ou une alternance de diarrhée-constipation (14%). Des signes d’occlusion ou de sub-occlusion sont plus rares (12%). Enfin, la fameuse rectorragie n’est notée que dans 15 à 20% des cas. Le caractère peu spécifique de la symptomatologie explique le retard au diagnostic. En effet, Urbach et coll soulignent que le délai moyen entre l’apparition des symptômes et le diagnostic de l’atteinte digestive endométriosique est de 5,2 ans. De ce fait, les explorations complémentaires apparaissent indispensables tant pour affirmer leur existence que pour en évaluer l’extension. Nous n’insisterons pas sur l’intérêt des diverses explorations disponibles. Cependant, à l’inverse de certains travaux, soulignons l’intérêt de l’échographie trans-vaginale qui représente une exploration indispensable dans le diagnostic des atteintes des lésions de la charnière recto-sigmoïdienne qui sont les plus fréquentes.
Dans la publication de Weed & Ray (1987), seules 21 patientes sur 3037 (0,7%) ont eu une résection intestinale alors que 163 patientes présentaient une endométriose digestive. Ces auteurs soulignaient que la résection intestinale ne devait être envisagée que chez des patientes symptomatiques ou en cas de doute avec une lésion néoplasique. Le traitement médical reposant sur l’utilisation de progestatifs, du danazol, ou des analogues du GnRH semble améliorer la symptomatologie de manière inconstante. Ceci s’explique par la fréquence élevée de la composante fibreuse et de l’hypertrophie musculaire lisse retrouvée dans les lésions digestives qui ne répondent pas aux traitement hormonaux. D’autre part, les effets secondaires de ces médications ne sont pas négligeables. A l’inverse, la morbidité de la chirurgie digestive, dans le cadre d’une pathologie ne mettant pas en jeu le pronostic vital, doit être discutée. L’utilisation pré-chirurgicale, notamment des analogues, pourrait diminuer la taille des lésions et surtout réduire le risque hémorragique lié à l’hypervascularisation de ces tumeurs.
Le traitement laparotomique des lésions digestives endométriosiques reste la référence. Toutefois, des études récentes ont démontré la faisabilité du traitement endoscopique. Le taux de complication de la chirurgie digestive de l’endométriose ne diffère pas de celui de la chirurgie colique réglée pour d’autres indications. Le taux de fistule anastomotique et de stomie transitoire varie de 0 à 7%. Par ailleurs, comme nous l’avons souligné la morbidité liée aux gestes associés ne doit pas être négligée.
Il n’existe pas de consensus sur l’intérêt en post-opératoire de l’utilisation d’un traitement médical notamment des analogues du GnRH. Ces derniers ne diminuent pas le taux de récidive mais simplement l’intervalle libre sans douleur. Le taux de patientes guéries ou nettement améliorées est de 80%. Dans notre série de résections digestives coelioscopiques pour endométriose, le taux de satisfaction des patientes est comparable avec une diminution significative du score de douleur (échelle visuelle analogique). Le taux de fertilité rapporté après resection chirurgicale d’une endométriose digestive atteint 50%. Toutefois, il faut souligner que cette chirurgie implique une dépéritonisation importante dont le risque principale est la survenue d’adhérences pelviennes pouvant être la source d’infertilité.
La chirurgie des localisations digestives de l’endométriose est une chirurgie majeure dont la réalisation par voie coelioscopique semble possible dans la plupart des cas. Cette chirurgie est associée à une morbidité qui ne doit pas être sous-évaluée. Toutefois, en l’absence de thérapeutique médicale efficace, elle est une alternative envisageable dans des équipes expérimentées.
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Complications du traitement chirurgical de l’endométriose
M Canis, K Slim * R Botchorishvili G Mage, A Wattiez JL Pouly, MA Bruhat.
CHU Bd. Leon Malfreyt 63058 Clermont Ferrand; Cedex 1 France
Phone (33) 4 73 31 60 53; Fax (33) 4 73 93 17 06
• Service de Chirurgie Digestive CHU Bd. Leon Malfreyt
• 63058 Clermont Ferrand; Cedex 1 France
mcanis@chu-clermontferrand.fr
À la suite du développement de la chirurgie endoscopique, le traitement chirurgical est devenu le traitement conservateur de référence dans le cadre de l’endométriose. Il permet seul un traitement efficace des kystes ovariens, des nodules profonds pour lesquels le traitement médical n’est pas actif, même si il permet d’obtenir une amélioration symptomatique.
Le traitement chirurgical de l’endométriose sévère est un geste chirurgical souvent complexe en raison des adhérences et des rétractions induites par cette pathologie. Ces difficultés expliquent les complications que l’on peut rencontrer. Nous discuterons deux cadres les lésions kystiques de l’ovaire, les lésions infiltrantes.
Les endométriomes ovariens
La kystectomie pour endométriome est différente de la kystectomie pour kyste organique bénin. Le plan de clivage est plus difficile à trouver et à suivre. On peut décrire des complications immédiates et tardives.
Les complications immédiates
Les complications immédiates sont essentiellement des complications hémorragiques. Dans notre expérience portant sur 1433 kystes annexiels bénins traités par voie endoscopique entre 1980 et 1996, nous n’avons observé que 5 complications hémorragiques post opératoires, toutes sont survenues après traitement d’un endométriome ovarien. Ces complications restent peu fréquentes (moins de 1%), mais elles sont survenues après des kystectomies multiples, après le traitement de lésions très volumineuses plus de 10 cm ou lors de kystectomies réalisées dans le cadre de complications (rupture d’endométriome). La prévention de ce type de problème repose sur une meilleure indication du moment et du type de traitement. Si la lésion est très volumineuse, si les lésions sont très inflammatoires, il est sûrement intéressant de différer le traitement de quelques semaines après avoir instauré un traitement médical préopératoire. Il faut bien sur avant de prendre cette décision avoir ponctionné le kyste qui est généralement drainé par l’ovariolyse. Une toilette intra-kystique et péritonéale, une kystoscopie et une biopsie de la paroi kystique sont indispensables dans tous les cas pour éliminer à la fois un cancer et un corps jaune hémorragique.
L’endométriome de la paroi abdominale survenant sur un trajet de trocart est le deuxième type de complication que nous avons observé. La fréquence est faible 2 cas sur plus de 300 patientes. Cette rareté nous fait supposer que cette complication est dû à la contamination de la paroi abdominale par un fragment de la poche kystique et non à une dissémination du liquide contenu dans l’endométriome. La prévention repose par l’utilisation systématique d’un sac pour extraire toutes les poches kystiques et tous les nodules que l’on extrait de l’abdomen. Konninckx a décrit des lésions similaires après traitement de nodule de la région recto vaginale.
Les complications tardives
Les adhérences
Les adhérences restent une limite du traitement endoscopique de l’endométriose. La récidive survient dans plus de 90 % des cas même en utilisant une technique micro chirurgicale. Le bénéfice supposé de la cœlioscopie dans ce cadre n’a pas été confirmé. (Tableau 1) Cela plaide en faveur de l’utilisation systématique de produit anti-adhérence après traitement endoscopique de l’endométriose. Ces produits n’ont pas été complètement évalués dans ce cadre. Les produits spécifiques de site paraissent plus intéressant lorsque le geste comporte une ouverture du vagin ou du rectum, les gels non spécifiques de sites sont peut être plus adaptés aux traitement des lésions annexielles bilatérales.
La fonction ovarienne post opératoire.
Des cas de ménopause ou de difficultés de stimulation ont été rapportés après kystectomie endoscopique. Dans notre expérience le nombre d’ovocyte et d’embryons obtenus lors de fécondation in vitro n’est pas diminué par un antécédent de kystectomie coelioscopique pour traitement d’un endométriome. (Tableau 2) Mais il faut utiliser une technique rigoureuse à la fois micro chirurgicale et différente de celle utilisée dans le cadre des autres kystes organiques bénins de l’ovaire. Cette technique a été décrite en détail récemment. Par ailleurs il faut souligner que deux études histologiques montrent que la kystectomie n’est pas la seule cause possible de ces dégâts de l’ovaire. D’une part, un travail ancien de Maneschi montrait que le parenchyme retrouvé en périphérie d’un endométriome comportait moins d’ovocyte que le parenchyme ovarien retrouvé en périphérie d’un kyste organique bénin ce qui suggère que l’endométriome pourrait endommager l’ovaire. D’autre part Muzii et al ont montré récemment que si il est fréquent de retrouver des ovocytes dans la paroi des kystes endométriosiques, ce parenchyme ovarien n’est pas un parenchyme fonctionnel car on ne retrouve pas dans ce tissu les étapes de maturation que l’on retrouve dans le tissu normal.
Une technique rigoureuse et méticuleuse doit prévenir ce type de problème. Si la kystectomie est trop difficile, il faut interrompre le geste et le réaliser quelques semaines plus tard après un traitement médical. La vaporisation laser CO2 est la meilleure alternative à la kystectomie. La coagulation de la paroi kystique avec la coagulation bipolaire ou monopolaire est peu satisfaisante, car il s’agit d’une technique en double aveugle, on ne voit pas ce qu’il faut détruire puisque l’on n’identifie pas le tissu normal en dessous du tissu détruit, on ne sait pas à quelle profondeur le tissu est détruit par la coagulation.
Le traitement des lésions profondes
Ces lésions infiltrent fréquemment le vagin, le rectum, la vessie ou l’uretère. Il ne faut donc pas confondre les complications de l’intervention et les complications de la maladie.
Parmi les complications de ces traitements, il faut citer tut d’abord la complication de la négligence ou de la méconnaissance de ces lésions. Elles sont deux de types. D’une part les patientes ont des douleurs très sévères qui ne sont pas prise en compte, ces patientes perdent confiance en elles ( « on me traite de folle ») et dans les médecins. D’autre part l’augmentation progressive de volume peut conduire à des lésions urétérales et rénales parfois irréversibles, voire à la formation de lésion très volumineuses qui descendent très bas sur la vagin et dont le traitement chirurgical devient très complexe exposant à des complications majeures ou à des séquelles fonctionnelles importantes. Pour ne pas méconnaître ces lésions il faut écouter les patientes et les croire, il faut aussi se souvenir que l’organe que l’on examine le mieux par un toucher vaginal est le vagin. Pour examiner le vagin il faut palper tous les cul-de-sac avec beaucoup de soin parfois même pendant les règles.
La deuxième complication importante est la chirurgie incomplète. Un traitement partiel expose à un taux élevé de récidive. Le traitement des récidives est plus difficile du fait de la fibrose cicatricielle qui gène la dissection et l’identification des limites de la lésion. Ces difficultés augmentent le risque de complications et de geste chirurgical incomplet. Un geste initial incomplet induit un cercle vicieux dont il est souvent très difficile de sortir la patiente.
Avec l’expérience, nous avons augmenté le pourcentage de patientes chez lesquelles le traitement d’une lésion profonde a comporté une excision du vagin et d’une partie de la paroi du rectum (excision le plus souvent seulement musculeuse). Les résultats du tableau 3 montrent que cette augmentation s’est faite sans augmentation significative du nombre de complications graves. Pendant la durée de cette étude, nous n’avions observé qu’un seul cas de fistule recto vaginale et qu’une seule fistule urétérale. Pour limiter les complications nous pouvons proposer trois règles.
L’organisation du geste doit être parfaite, tous les spécialistes qui vont avoir à intervenir doivent être prévenu et doivent avoir vu la patiente avant l’intervention. Pour cela l’interrogatoire est la clé. Il faut rechercher minutieusement les signes digestifs et urinaires qui conduisent à la réalisation d’un bilan préopératoire qui comporte imagerie et endoscopie. Il ne faut pas être par hasard dans une situation où le rectum va ou doit être ouvert. De même pour la vessie ou pour l’uretère. Si cela n’est pas prévu, il vaut mieux différer le geste pour le réaliser dans de bonnes conditions, ce qui évite le risque de traitement incomplet.
- La dissection doit toujours débuter en tissu sain, les organes vulnérables doivent être identifié en tissu sain ce qui permet de limiter au minimum les dégâts induits par l’excision.
- La check-list finale doit évaluer, le vagin, le rectum, la vessie et l’uretère comportant test d’étanchéité pour chacun de ces organes. Il est clair que les décisions de réparation des organes lésés sont au mieux prises par une équipe multidisciplinaire dont le gynécologue reste le chef d’orchestre parcequ’il connaît la maladie.
Plus récemment nous avons observé des complications plus fréquentes. Parmi 5 cas de fistules recto vaginales survenues au cours de l’année 2001, 2 sont les conséquences de nodule négligés dont le diamètre était supérieur à 6 cm au moment de l’intervention initiale, 2 sont dus à des chirurgies itératives trop complexes liées à des récidives multiples ( 4e intervention dans un cas, 5e intervention dans l’autre), la dernière est due à un lâchage de suture après réparation endoscopique d’une brèche du sigmoïde. Nous avons discuté plus haut des moyens de prévention de tels accidents. Il faut peser avec soins les indications opératoires, il faut être encore plus prudent lorsque l’on pose l’indication d’une réintervention. Il faut se souvenir que la douleur n’est pas toujours uniquement liée à la lésion que la prise en charge de ces patiente est impossible sans prise en compte de leur contexte psychologique personnel.
Tableau 1: Score d’adhérence au moment du traitement et lors de la coelioscopie de contrôle.
Score d'adhérence de l'annexe | |||||
Groupe | N | Traitement | 2nd Look | P | |
Tous | 53 | 12.7 ± 10.8 | 10.4 ± 10 | >0,1 | |
Stade III | 15 | 6.1 ± 5.9 | 5.8 ± 5.6 | >0,7 | |
Stade IV | 38 | 15.2 ± 11.3 | 12.1 ± 10.8 | >0,1 | |
Diamètre < 6cm | 32 | 14.9 ± 11.3 | 11.3 ± 10.9 | >0,07 | |
Diamètre ≥ 6cm | 21 | 9.2 ± 9.3 | 8.9 ± 8.6 | >0,8 | |
Unilatéral | 31 | 12.6 ± 11.4 | 9.4 ± 9.7 | >0,1 | |
Bilatéral | 22 | 12.7 ± 10.2 | 11.8 ± 10.5 | >0,4 | |
Annexe Traitée | |||||
Adhérences ovaire ≤ 4 | 19 | 3 ± 2.4 | 6.5 ± 7.4 | >0,1 | |
Adhérence ovaire ≥ 8 | 34 | 18.1 ± 9.9 | 12.5 ± 10.7 | <0,01 | |
Annexe controlatérale | |||||
Tous | 21 | 3.9 ± 8.6 | 2.6 ± 4.2 | >0,6 | |
Adhérence annexe ≤ 4 | 17 | 0.5 ± 1.3 | 1.4 ± 2.7 | >0,08 | |
Tableau 2 : Nombre d’ovocytes et d’embryos obtenus en FIV *
Endometriome > 3 cm Group A |
Pas Endometriome Group B |
Stérilité tubaire |
||||||||
n | Ovocyte | Embryons | N | Ovocytes | Embryons | N | Ovocytes | Embryons | ||
Cycle 1 | 39 | 9.4 ± 6.2 | 4.7 ± 3.6 | 128 | 11.6 ± 7.5 | 5.1 ± 4.9 | 59 | 10.9 ± 6.5 | 5.8 ± 4.9 | |
Cycle 2 | 17 | 9.2 ± 5.7 | 4.9 ± 3.2 | 80 | 11.2 + 8.0 | 4.5 ± 4.9 | 37 | 10.9 ± 6.8 | 5.0 ± 3.9 | |
Cycle 3 | 11 | 10.9 ± 6.1 | 4.5 ± 4.3 | 44 | 11.2 ± 8.1 | 4.7 ± 3.9 | 18 | 10.4 ± 7.7 | 4.1 ± 3.5 | |
Cycle >3 | 7 | 8.6 ± 2.9 | 4.2 ± 3.3 | 51 | 8.7 ± 5.6 | 4.3 ± 4.0 | 13 | 8.0 ± 3.7 | 4.0 ± 2.3 |
* Non significatif
Tableau 3 : Incidence des geste vaginaux, digestifs, et des complications évolution au cours du temps.
86 - 89 | 90 – 92 | 93 – 94 | 95 – 96 | 97 - 98 | ||
Nombre de cas | 25 | 22 | 58 | 78 | 97 | |
Conversion Laparotomie | 0 | 2 | 3 | 3 | 2 | |
Excision vagin | 1 | 8 | 14 | 34 | 29 | |
Gestes digestifs | 0 | 2 | 4 | 13 | 36 | |
Complications | - | 4 (18%) | 10 (17%) | 9 (12%) | 16 (16%) | |
Mineures | - | 3 | 6 | 9 | 14 | |
Sévères | - | 1 | 4 | - | 2 |
Canis M. Laparoscopy in the management of adnexal tumors. These Université Clermont Fd 1999.
Canis M, Pouly JL, Tamburro S, Mage G, Wattiez A, Bruhat MA. Ovarian response during IVF-embryo transfer cycles after laparoscopic ovarian cystectomy for endometriotic cysts of >3 cm in diameter. Hum Reprod. 2001;16:2583-6.
Muzii L, Bianchi A, Croce C, Manci N, Panici PB. Laparoscopic excision of ovarian cysts: is the stripping technique a tissue-sparing procedure? Fertil Steril. 2002;77:609-14.
Maneschi F, Marasa L, Incandela S, Mazzarese M, Zupi E. Ovarian cortex surrounding benign neoplasms: a histologic study. Am J Obstet Gynecol. 1993;169:388-93
L’endométriose :
Stratégies thérapeutiques chez une patiente douloureuse
Pr. H. Fernandez
Service de Gynécologie-Obstétrique
Hôpital A. Béclère, Clamart
Parler de stratégies thérapeutiques chez une patiente douloureuse, c’est d’abord savoir reconnaître la douleur liée à l’endométriose.
On peut distinguer deux types de patientes : celles qui ont mal dans un contexte d’infertilité et, celles pour lesquelles la douleur est au premier rang, avec un désir de grossesse satisfait ou abandonné.
Les études restent contradictoires quant aux stratégies thérapeutiques utilisées mais la chirurgie demeure un passage diagnostic et thérapeutique obligé.
Le traitement médical est dominé par les agonistes de la GnRH. Ceux-ci sont prescrits en dehors de l’infertilité et « l’add-back therapy » permet une meilleure tolérance.
Par contre, une prise en charge par aide médicale à la procréation (AMP) doit être rapidement choisie lors d’un contexte de stérilité avec à la clé d’excellents résultats.
Le traitement peut être radical après l’âge de 40 ans avec une introduction précoce du THS.
Il ne faut pas omettre la prise en charge psychologique très importante chez ces femmes.
Statégies thérapeutiques chez une patiente infertile
Pr Jean-Marie ANTOINE
Service de Gynécologie-Obstétrique et Médecine de la Reproduction
Hôpital TENON, 4 rue de la Chine - 75020 PARIS
jemantoine@aol.com
UNE PREMIERE QUESTION CONCERNE LA PLACE DE LA COELIOSCOPIE SYSTEMATIQUE OU NON DANS LE BILAN D’INFERTILITE :
Considérée auparavant comme indispensable, ses indications sont plus ciblées actuellement : antécédents et/ou examen clinique évoquant une endométriose, HSG anormale, suspicion échographique d’un kyste endométriosique d’un certain volume.
LES CRITERES DU CHOIX THERAPEUTIQUE COMPRENNENT A LA FOIS :
- LE TYPE D’INFERTILITE : âge, durée de l'infertilité, facteurs associés d'infertilité, souhait des patients
- ET LARGEMENT LE TYPE D’ENDOMETRIOSE. En effet la physiopathologie de l’infertilité dans ce contexte est :
. Tantôt assez claire, pour :
- les endométrioses péritonéales de stades III et IV : adhérences sévères interférant avec la captation ovocytaire et/ou le transport ovocytaire / embryonnaire
- les endométriomes ovariens, surtout bilatéraux : réduction du capital folliculaire ovarien
. Tantôt moins évidente, pour :
- les endométrioses de stades I et II : environnement péritonéal micro-inflammatoire, anomalies ovariennes subtiles, anomalies de l’implantation = très proche de l’infertilité inexpliquée (BERUBE S., Fertil. Steril. 1998, 69, 1034-1041),
- l’endométriose profonde : infertilité très rarement au premier plan, tableau en règle de douleurs, mais qui touche souvent des femmes très jeunes nullipares désireuses de préserver leur fertilité (n’ayant pas encore eu le temps d’être infertiles).
ENDOMETRIOSE PERITONEALE STADES I ET II :
- LA FERTILITE SPONTANEE n’est pas nulle.
- LES TRAITEMENTS MEDICAUX CLASSIQUES par oestro-progestatifs, progestatifs, Danazol, agonistes de la GnRH agissent principalement par hypoestrogénie, accessoirement par action directe sur le tissu endométriosique.
Dans ces formes, ils n’améliorent pas la fertilité par rapport au placebo et retardent la survenue des grossesses (méta-analyse de Hughes, E.G. Fertil. Steril. 1993, 59, 963).
- LES TRAITEMENTS MEDICAUX NOUVEAUX (Inhibiteurs de l’aromatase : letrozole et neutralisation du TNF-alpha par sa protéine porteuse TNF BP-1 corrigent la réaction inflammatoire associée, mais il n’existe pas actuellement de données suffisantes sur la fertilité.
- LE TRAITEMENT CHIRURGICAL par adhésiolyse et exérèse / destruction cœlioscopique des implants superficiels au cours de la cœlioscopie diagnostique est sans effet significatif dans 3 essais
(PAULSON J.D., J. Reprod Med, 1991,36, 151-155, ADAMSON G.D., Fertil Steri1, 1993,52, 35-44 et PARAZZINI F. Hum Reprod 1999, 14, 1332-1334). Par contre dans l’essai prospectif randomisé multicentrique canadien « Endocan » sur 341 femmes avec endométriose pure stade I ou II (MARCOUX S., N. Engl. J. Med. 1997, 337, 217-222) :
- le traitement chirurgical (n = 172) est suivi de 50 grossesses évolutives (29%), soit un taux de fécondité mensuelle de 6,1 %
- la cœlioscopie diagnostique seule (n = 169) est suivie de 29 grossesses évolutives (17%) (p= 0.006), avec une fécondité mensuelle de 3,2 %.
Cependant, dans le groupe traité la fertilité bien qu’améliorée reste basse, suggérant la présence d’autres facteurs d’infertilité.
- LA STIMULATION OVARIENNE +/- IAC : 3 essais prospectifs randomisés montrent un bénéfice par rapport à l’absence de traitement. Mais NUOJUA-HUITUNEN S., Hum Reprod 1999, 14,698-703 montre sur 811 cycles, que les IAC ne donnent que 6,5 % de grossesses par cycle en cas d'endométriose contre 12,6% toutes indications confondues.
- LA FIV à ces stades n’a que des indications propres : femmes à partir de 38 ans, facteur associé masculin. Elle permet d’obtenir les mêmes résultats que dans les autres indications, selon une analyse exhaustive de la littérature.
ENDOMETRIOSE PERITONEALE STADES III ET IV :
- LA FERTILITE SPONTANEE est beaucoup plus proche de zéro
- LES TRAITEMENTS MEDICAUX sont inefficaces
- LA COELIO-CHIRURGIE est logique du fait des adhérences sévères, cause directe d’infertilité
- LES ANALOGUES POST-OPERATOIRES pendant 3 mois retardent les grossesses. Ils sont surtout justifiés dans les formes très sévères et inflammatoires.
- LA FIV RAPIDE s’impose le plus souvent dans la foulée de la désensibilisation post-opératoire, avec stimulation par HMG et non par rec-FSH, en prévenant la patiente du risque de poussée évolutive. Elle peut également être préférée d’emblée, notamment chez les femmes déjà multi-opérées.
ENDOMETRIOMES OVARIENS < 4 CM DE DIAMETRE, asymptomatiques ou chez des multi-opérées / contexte très adhérentiel : Le choix est entre :
- STIMULATION OU FIV D’EMBLEE, en prévenant des risques
- ET PONCTION VAGINALE ECHOGUIDEE qui évite une chirurgie itérative difficile et souvent mutilante (ABOULGHAR M., Hum Reprod, 1991, 6, 1408-1410, ZANETTA G., Fertil. Steril. 1995, 64, 709-713, GARVEY T.S., Hum. Reprod. 1999, 14, 2748-2750).
MESOGITIS S, Lancet 2000, 355, 1160 a proposé d’y associer une injection de 30 mg Méthotrexate : efficace pour le kyste mais dont l’innocuité pour les ovocytes n’a pas été évaluée à ce jour.
ENDOMETRIOMES OVARIENS > 4 CM DE DIAMETRE, femme peu ou pas opérée :
- LA KYSTECTOMIE COELIOSCOPIQUE permet l’exérèse complète des lésions, avec des risques de dissémination intra-péritonéale de l’endométriose, de création ou aggravation d’adhérences péri-annexielles, de résection insuffisante (récidives et interventions itératives) ou excessive (réduction de la réserve folliculaire uni- ou bilatérale, fonction du nombre et du type de résections chirurgicales effectuées).
. LA KYSTECTOMIE INTRA-PERITONEALE SANS OUVERTURE DU KYSTE (CANIS M., Gynécol. Obstét. Fertil. 2000, 28, 584-587) parfois difficile en l’absence de plan de clivage, risque d’emporter une partie du parenchyme ovarien sain, mais assure le traitement en un seul temps opératoire et reste légitime pour une majorité d’endométriomes de volume moyen.
. LA RESECTION DU DOME SAILLANT, LAVAGE ET COAGULATION DES PAROIS DU KYSTE (HEMMINGS R., Fertil. Steril. 1998, 70, 527-529) est plus facile sur le plan chirurgical,
mais risque d’être incomplète et de léser également pour le capital folliculaire du fait de la conduction thermique.
. LA FENESTRATION, LAVAGE, GNRH ANALOGUE 3 MOIS, PUIS VAPORISATION AU LASER CO2 DES PAROIS DU KYSTE (DONNEZ J., Hum. Reprod. 1996, 11, 641-646, SQUIFFLET J., Gynécol. Obstét. Fertil. 2000, 28, 584-587) assure la destruction la plus élective des parois du kyste : respecte au maximum le parenchyme ovarien normal, mais nécessite deux interventions et un laser CO2 adapté à la chirurgie coelioscopique. Elle est surtout indiquée pour les kystes très volumineux, de dissection difficile, sans plan de clivage, très hémorragiques.
. La KYSTECTOMIE TRANSPARIETALE VOIRE PAR MINILAPAROTOMIE (AUDEBERT A. Ref. Gynecol. Obstet. 1999, 6, 347-351) reste parfois la meilleure solution en cas de kyste volumineux sur ovaire unique ou de kystes bilatéraux avec dissection particulièrement difficile, adhérences sévères.
- LA FIV EST INDIQUEE SECONDAIREMENT EN L’ABSENCE DE GROSSESSE :
Les endométriomes bilatéraux réduisent le nombre et la qualité des ovocytes recueillis par destruction du parenchyme ovarien et/ou adhérences pelviennes sévères. Le traitement chirurgical ne semble pas jouer pas un rôle majeur : les résultats sont les mêmes, qu’il existe ou non des antécédents de kystectomie ovarienne (ANTOINE J.M Gynécologie 1991, 42, 12-19, ANTOINE J.M. Contracept. Fertil. Sexual. 1995, 23, 93-96, OLIVENNES F. Fertil. Steril. 1995, 64, 392-398, CANIS M. Gynécol. Obstét. Fertil. 2000, 28, 584-587).
ENDOMETRIOSE PROFONDE :
- TRAITEMENT MEDICAL : inefficace (peu de récepteurs), empêche une grossesse
- TRAITEMENT CHIRURGICAL (résection par laparotomie ou cœlioscopie) : idéal mais lourd, réservé à des mains entraînées. Il peut s’avérer bénéfique pour la fertilité avec des grossesses spontanées obtenues, mais comporte également des risques par adhérences post-opératoires péri-annexielles, dyspareunie par sclérose en cas de résection vaginale.
- LA FIV peut être là encore indiquée, soit d’emblée, soit après résection chirurgicale.
CONCLUSIONS : :
. Le traitement médical seul est inefficace et retarde les grossesses.
. Le traitement chirurgical améliore la fertilité dans toutes les formes de la maladie.
. La stimulation ovarienne et IAC est indiquée aux stades I et II.
. La FIV occupe une large place aux stades III et IV, pour les endométriomes, et en cas d’âge > 38 ans, de facteur tubaire et/ou masculin associé.
. Les associations chirurgie + analogues + FIV sont la règle dans les formes sévères, soulignant l’intérêt d’une prise en charge multidisciplinaire.